Comme convenu, nous avons quitté La Paz pour Coroico, un village situé à la limite entre les Andes et l’Amazonie. Nous étions vraiment attirés par ce coin de verdure perché, avec a priori de superbes paysages aux alentours mais aussi par la perspective de la rencontre de sa population afro-amazonienne, qui est semblerait-il à l’origine de la fameuse Lambada !!
Malheureusement, nous sommes arrivés dans ce petit paradis sous la pluie et dans un brouillard épais. Dommage pour le village perché et le joli paysage… Surtout que les hôtels sont, comme nous l’avions lu sur Internet, plutôt confortables et sympathiques mais aussi bien au dessus de notre budget. Comme il fait moche, nous décidons de ne pas aller dans l’hôtel glauque pas cher mais de se prendre un hôtel sympa malgré tout. On ne sait jamais peut-être que nous aurons une belle vue demain matin au réveil… surtout que dans notre hôtel « Bella Vista », ça serait un must ! Malheureusement le lendemain matin, on petit-déjeune dans le restaurant panoramique avec devant nous… le brouillard :S
Nous décidons de partir faire une balade malgré le mauvais temps. Par chance, au fil de la promenade, le temps se dégage et laisse place à une superbe vue sur la vallée et les montagnes verdoyantes des environs. Nous sommes heureux de voir un peu de forêt après tant d’altiplano aride ! La végétation qui nous entoure est déjà très proche de celle que nous avions pu rencontrer en Amazonie.
Au loin, nous entendons plusieurs fanfares mais n’arrivons pas à en distinguer la provenance. Après renseignement, ce jour là, on fête la Virgen Carmen dans les villages du coin. Nous décidons donc de faire un tour dans l’un de ces villages. Malheureusement, on arrive le deuxième jour de fête et ça sent la vinasse dans ce tout petit village. Le sol de l’église semble couvert d’alcool, sûrement offert à la Pachamama (c’est ça aussi l’Amérique du Sud, un mélange savant de traditions catholiques et andines). Quelques personnes dansent au son d’une fanfare mais on se sent un peu de trop. Nous ne restons donc pas longtemps et profitons de la balade du retour pour observer les champs de café et de bananes.
Il faut quand même le dire, nous avons beaucoup aimé les rencontres avec les mamas « noires » en tenue traditionnelle locale, parlant espagnol avec un accent un peu créole…
En fait, lorsque l’église a reconnu que les indiens avaient une âme, ils ont décidé que le travail dans les mines de Potosi était trop inhumain pour les indiens et ils ont donc fait venir des esclaves noirs d’Afrique pour y travailler (car eux n’avaient pas d’âme, logique !). Ces populations se sont ensuite réfugiées dans ce petit coin paradisiaque qu’est Coroico et se sont parfaitement intégrées aux coutûmes locales, et ont même eu une forte influence sur la musique bolivienne. Le mauvais temps nous a malheureusement découragé de visiter les villages occupés par ces « afroboliviens », difficiles d’accès.
Nous sommes donc revenus sur La Paz un peu plus tôt que prévu et avons fait quelques emplettes (dont une magnifique pyrite pour PA et un superbe charango, la guitare locale). Nous en avons aussi profité pour rencontrer une grosse association de producteurs de quinoa bio pour notre projet, avant de partir vers l’est, avec pour première étape Cochabamba.
Cochabamba est en fait plutôt un point de départ qu’une étape ! Et oui, nous nous dirigeons en fait vers Torotoro, un petit village à 5h de route de Cochabamba, et surtout son parc naturel, peu touristique (car difficile d’accès) mais superbe. Nous passons une journée à préparer notre séjour à Torotoro : rechercher une carte topo qu’on ne trouvera jamais, acheter un peu de bouffe, trouver LE bus qui y va de temps en temps et voir si les horaires coïncident avec nos plans. Bref, nous avons quand même parcouru Cochabamba à cette occasion et avons trouvé la ville assez sympa. Et surtout, elle a un marché ENORMMMEEE, enfin même plusieurs marchés qui se rejoignent et qui en font un marché encore plus énorme. On peut tout y trouver (sauf une carte topo bien sur :P ).
Le lendemain matin, nous arrivons à 10h45 pour le bus de 11h et nous attendons que le bus arrive. Nous attendons, nous attendons, nous attendons… Finalement, le bus est enfin parti à 16h30. On n’était pas loin de la révolte générale, n’ayant bien sûr pas eu d’information tout au long de ces cinq heures d’attente. Ceci dit, cela nous a permis de faire la connaissance d’un couple d’italiens, d’un couple de français et d’un jeune bolivien avec sa mère, avec qui nous passerons les prochains jours.
Nous avons donc fini par arriver dans cette fameuse bourgade de Torotoro, de nuit, et avons galéré à trouver de la place dans un hôtel, étant donné que ce week-end, c’est LA fête annuelle qui attire des gens de tout le pays.
Nous sommes restés quatre jours à Torotoro, à alterner entre visites du parc naturel et fiesta dans le village.
Ce parc est vraiment incroyable, nous nous y sommes baladés avec un jeune guide très sympa et notre petit groupe formé dès l’attente du bus. Nous y avons vu des traces de dinosaures (et oui des vraies !!), des paysages de toutes les couleurs, des formations géologiques et des figures d’érosion impressionnantes (dixit PA), nous avons rampé comme de vrais spéléologues dans la grotte la plus profonde de Bolivie (7 km), et nous nous sommes même baignés dans une cascade au fond d’un grand canyon, le tout sous le soleil. La belle vie quoi !
A partir du samedi soir, c’était la fête de Tata Santiago (le saint patron de la ville) : du monde partout, des barbecues à chaque coin de rue, des costumes de couleurs fluo et des chapeaux coiffés de plumes et de petites boules colorées, des pétards et feux d’artifices de tous les côtés, mais aussi un groupe de joueurs de flûte de pan qui circulait dans tout le village, de jour comme de nuit, sans s’arrêter, et qui jouait vraiment très mal (surtout qu'ils étaient de moins en moins frais au fil du temps) !!
Il y a aussi eu une scène où se succédaient les groupes de musique traditionnelle et on peut dire qu’à partir de 22h, les groupes étaient agréables à écouter :P. Bien sûr, il y avait aussi un peu partout des petites fêtes dans des cours intérieures, où ça buvait bien, surtout de la chicha (alcool de maïs traditionnel) distribuée à la louche d’un grand seau. On n’aime pas trop mais parfois c’était très délicat de refuser. Bref, on a dansé comme des fous tout le samedi soir et on a bien rigolé.
Cette fête a aussi été l’occasion pour nous de rencontrer des producteurs de cacahouète bio et de maïs bio pour notre projet bien sûr mais aussi pour se gaver de cacahouètes :P .
On allait oublier de vous parler du petit musée géologique de Torotoro. Le bâtiment en lui-même déjà était complètement hallucinant avec ses murs construits en roche locale et en fossiles en tous genres, style la maison du facteur cheval pour ceux qui connaissent. PA a beaucoup discuté avec le jeune guide du musée qui a pu lui poser plein de questions sur les fossiles qu’il ne connaissait pas.
C’était donc un séjour plein de découvertes (naturelles comme culturelles) et de rencontres incroyables plus fortes les unes que les autres.
Nous sommes à présent de retour à Cochabamba et avons terminé l’aventure Torotoro en dînant hier avec le couple de français dans une super bonne parrilla (soit un gros morceau de viande chacun grillé au barbecue), de quoi nous donner un avant goût de l’Argentine.
Nous partons dès ce soir pour Santa Cruz, la grande ville de l’Amazonie bolivienne et devrions y visiter quelques missions jésuites….